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Problème fondamental : où doit se situer un décideur par rapport à un problème pour avoir une chance de le comprendre et de le traiter, sachant que ces deux défis n'appellent peut-être pas la même réponse ?

Je m'explique.

On reproche souvent aux hommes politiques de méconnaitre les situations dont ils traitent, d'être "loin des réalités".

On sait qu'être près des choses permet de les voir mieux, et de les ressentir, c'est indiscutable. Mais on sait aussi, en y réfléchissant bien, qu'être près rend précisément plus sensible à l'être humain comme singularité, comme exception. La singularité nous éloignant de ce qui permet la règle, et les "citoyens" devant, au regard de la loi et de la règle, être considéré non plus dans leur singularité mais dans leur communauté, comment concilier la nécessaire empathie avec les autres et la non moins nécessaire indifférence quant à leur singularité pure et absolue.

Je précise encore.

Nombreux sont les métiers qui exigent de faire abstraction, au moins à certains moments, de la personne en tant que personne. Le contrôleur qui verbalise, le juge qui emprisonne, et d'une manière tous les métiers conduisant à faire ou à faire appliquer des lois. Une certaine distance est nécessaire, sans laquelle, devant la pure singularité d'une personne, il semble toujours que la loi agresse trop violemment, blesse trop aveuglement.

Pensez à une situation simple. Un contrôle routier. Une amende ou un retrait de permis peuvent avoir des conséquences terribles, et la personne prise sur le fait ressent toujours, même en admettant avoir commis une infraction, l'envie de présenter "sa" situation, de singulariser le problème, et ne comprend pas pourquoi il serait si difficile à l'officier public de passer outre, exceptionnellement.

Seulement tous les gens sont singuliers et vivent comme une agression la non-reconnaissance de cette singularité, l'incapacité criminelle et l'intolérable inhumanité de l'officier qui applique "bêtement", se "fait plaisir", ne "comprend pas" quel désastre il engendre etc...

Cette situation concrète me semble contenir, en germe, toutes les composantes de la question que je souhaite poser : en matière législative, normative, quand faut-il s'approcher, et quand est-il légitime de cesser de considérer la singularité, non par aveuglement ou injustice, mais précisément pour atteindre ce point d'égalité à partir duquel on commence seulement à avoir droit à la justice.

Les citoyens, à cet égard, son très ambigus : ils sollicitent alternativement, en fonction de leurs intérêts, les vertus d'intransigeance et de flexibilité.

A poursuivre.

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